Alvaro Camp


Alvaro Camp 

Pendant mon enfance, j’ai eu la chance de côtoyer le sculpteur uruguayen

Germán Cabrera, père de mon meilleur ami.

C’est ainsi que j’ai découvert l’art abstrait. J’avoue qu’au premier abord je ne comprenais pas pourquoi cet artiste s’échinait à créer des œuvres qui ne voulaient « rien dire ».

L’abstraction suscite un dialogue entre l’œuvre et celui qui l’observe. Comme ce jeu d’enfants consistant à trouver des formes dans les nuages. 

Je suis régulièrement surpris et séduit par les interprétations qu’on me rapporte de certains de mes tableaux ou sculptures surtout lorsqu’elles diffèrent de ma propre perception de ce que j’avais crée.

Lorsque l’œuvre est totalement abstraite et ne manifeste qu’un instant de création sans arrière-pensée, alors il n’y a pas de bonne ou de mauvaise interprétation. Chacun peut voir ce qu’il veut, se connecter avec ses propres émotions et je crois que c’est cela qui me fascine dans l’art abstrait.

Parfois, je pars d’un souvenir ou d’un rêve qui se fixe dans ma tête et, le matin, au réveil, je le conserve intacte et je m’emploi à le matérialiser. D’autres fois je pars d’une image bien réelle. Par exemple, ayant grandi et passé mon enfance et une partie de ma jeunesse à Montevideo, les images du port et des bateaux sont gravées dans ma tête. 

Mais je les reproduis en cherchant à les déconstruire. Je brise, tords, inverse un objet pour éviter de reproduire sa forme réelle. Je cherche à évoquer l’objet sans réellement le reproduire, je garde seulement la rouille, souvenir des épaves transformés par le vent et la mer.

Dans tous les cas, j’essaie de trouver du plaisir dans ce que je fais sans trop intellectualiser, laissant libre cours à mon instinct, écoutant mon humeur et mon envie du moment.

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During my childhood, I had the privilege of being around the Uruguayan sculptor Germán Cabrera, who happened to be my best friend's father. This is how I first encountered abstract art. I must admit that, initially, I didn't understand why this artist was so dedicated to creating works that "didn't mean anything."

Abstraction sparks a dialogue between the artwork and the observer, much like the childhood game of finding shapes in the clouds. I am regularly surprised and captivated by the interpretations people share with me regarding some of my paintings or sculptures, especially when they differ from my own perception of what I had created.

When the work is entirely abstract and only represents a moment of creation without any hidden agenda, there is no right or wrong interpretation. Everyone can see what they want, connect with their own emotions, and I believe that's what fascinates me about abstract art.

Sometimes, I start with a memory or a dream that sticks in my mind, and in the morning, I keep it intact and set out to materialize it. Other times, I start from a very real image. For instance, having grown up and spent my childhood and part of my youth in Montevideo, the images of the harbor and the boats are etched in my mind.

But I reproduce them by trying to deconstruct them. I break, twist, or reverse an object to avoid replicating its real form. I seek to evoke the object without actually reproducing it, retaining only the rust, a reminder of the wrecks transformed by the wind and the sea.

In all cases, I try to find pleasure in what I do without overthinking it, letting my instincts run free, listening to my mood and my current desires.